Au moins un pays européen est impliqué dans la construction des futurs sous-marins taïwanais
Étant donné que la Chine pourrait lui imposer un blocus aérien et naval afin de la contraindre à revenir dans son giron, Taïwan a lancé le programme Hai Lung II, qui vise à construire localement huit sous-marins à propulsion diesel-électrique, devant être à la fois puissants et discrets afin de pouvoir tenir à distance de l’île les navires de la marine chinoise.
Actuellement, la marine taiwanaise dispose de quatre sous-marins anciens, dont deux acquis auprès des Pays-Bas dans les années 1980 |classe « Zwaardvis » ou « Hai Lung » et deux modèles de type « Guppy II » qui lui furent cédés dans les années 1970 après avoir servi pendant plus de trente ans au sein de l’US Navy. Face à l’armada chinoise, autant dire que ces bâtiments ne pèsent pas lourd.
Cela étant, que ce soit en matière de matériaux, d’acoustique ou encore de capteurs, l’industrie navale taïwanaise ne possède pas tous les savoir- faier nécessaires pour développer et construire des sous-marins modernes
Les composants et les technologies dont Taïwan a besoin ont donc été classés selon trois catégories. La verte concerne ceux qui peuvent être facilement produits tandis que la jaune porte sur ceux pour lesquels il est possible de produire certaines pièces localement. Enfin, la rouge regroupe tous les systèmes et éléments que l’industrie taïwanaise n’est pas en mesure de fabriquer par elle-même, c’est à dire, selon la presse locale, le système de combat, les sonars numériques, les mâts optroniques, les torpilles et la propulsion.
Même s’ils ne produisent plus de sous-marins à propulsion diesel-électrique, les États-Unis sont impliqués dans le programme Hai Lung II. Le 17 mars, le ministre taïwanais de la Défense, Chiu Kuo-cheng, a ainsi confirmé que Washington avait approuvé les licences d’exportation concernant des « équipements sensibles » nécessaires aux futurs sous-marins, sans toutefois donner plus de détails.
Cependant, les rumeurs sur les aides reçues par Taïwan vont bon train. La Corée du Sud est régulièrement citée, dans la mesure où elle a su développer ses propres savoir-faire en la matière en profitant des transferts de technologie consentis par l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] pour les sous-marins Type 209 et Type 214.
Plus curieusement, la Corée du Nord l’a été aussi… alors que Pyongyang entretient des relations étroites avec Pékin. C’est en effet ce que vient de rappeler le site « National Interest« , en s’appuyant sur des articles publiés à ce sujet par la presse taïwanaise en 2019.
Or, une telle information est improbable pour plusieurs raisons : la proximité de Pyongyang avec Pékin exclut une telle coopération. Ensuite, l’apport nord-coréen au programme taïwanais serait des plus limité et Taipei ne prendrait pas le risque de violer les sanctions internationales imposées à la Corée du Nord…
Dans un communiqué, le ministère taïwanais de la Défense a d’ailleurs fermement démenti l’article du « National Interest »… tout en confirmant une autre rumeur : la participation d’au moins un pays européen au programme Hai Lung II.
« Dans le développement de nos sous-marins, il n’y a jamais eu, il n’y a pas et il n’y aura jamais de contact avec la Corée du Nord. L’aide nous est fournie par d’importants pays d’Europe et les États-Unis », a-t-il en effet affirmé, sans plus de détails. Au passage, il a également démenti toute participation sud-coréenne…
Reste à voir quels sont ces pays impliqués dans la construction des sous-marins taïwanais, sachant que la liste des industriels européens ayant des savoir-faire dans ce domaine est limitée. On peut toutefois écarter le Royaume-Uni, qui ne produit que des sous-marins à propulsion nucléaire. Il reste donc la France [qui a déjà vendu des frégates à Taïwan], l’Espagne [avec Navantia], l’Allemagne [dont on imagine mal qu’elle se priverait du marché chinois…] et la Suède, avec Kockums.
source : Opex 360