Défense anti-sous-marine (1)
Volet 1: Nouveaux dangers sous l’eau
Malgré leur petit nombre, les sous-marins modernes représentent une menace disproportionnée, pas seulement avec leurs torpilles comme pendant longtemps.
Les sous-marins sont une menace invisible, même pour les grandes puissances maritimes. Parce qu’ils sont très difficiles à trouver, ils immobilisent des ressources – navires, hélicoptères, avions – qui ne sont alors plus disponibles pour d’autres opérations. Parce qu’ils peuvent constituer une menace asymétrique si importante dans les crises et les conflits, il est également important que les puissances maritimes comme l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord soient en mesure de les détecter et de les combattre. Plus ces petits sous-marins se modernisent, plus grand est le danger qu’ils représentent.
Du point de vue de l’alliance occidentale, si le nombre de sous-marins russes a diminué depuis la fin de la guerre froide, les les bâtiments restants, y compris ceux nouvellement construits, sont globalement nettement plus puissants que les anciens sous-marins soviétiques. Dans le même temps, la Chine construit de plus en plus de sous-marins modernes. Les États-Unis d’Amérique, partenaire le plus important de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, doivent donc disposer de capacités anti-sous-marines dans le Pacifique au détriment de l’Atlantique et ce pour leur défense nationale comme pour celle des alliés.
La demande dans la région de l’Atlantique Nord a de nouveau augmenté. Depuis le début du conflit Russie-Ukraine en 2014, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a vu une activité accrue des sous-marins russes. En décembre 2019, par exemple, selon des sources norvégiennes, dix bâtiments auraient effectué des manœuvres en même temps dans le nord de l’Europe et en mer de Barents. Une telle concentration est cependant moindre que du temps de la Guerre Froide, ne serait-ce que parce que les 58 sous-marins de la marine russe sont répartis sur quatre mers spatialement séparées.
Les torpilles ne sont plus l’arme la plus dangereuse de tous les sous-marins
En effet, les principales armes de la nouvelle flotte sous-marine russe ne sont plus des torpilles, mais des missiles de croisière à longue portée. « Le plus grand défi pour les opérations de guerre anti-sous-marine défensive est la portée des missiles de croisière anti-navires ennemis, qui atteindra 1000 miles nautiques dans la prochaine décennie », ont averti des experts du think-tank américain Hudson Institute dans une analyse récemment publiée.
Les missiles guidés à cible terrestre standards, lancés à l’ouest de la Norvège par des sous-marins lance-missiles de la nouvelle classe Yasen, peuvent déjà atteindre des cibles sur toute la côte européenne de la mer du Nord, y compris des ports de transbordement militairement importants tels que Bremerhaven ou Rotterdam. La capacité de ce missile a été démontrée par la Russie en 2015 lorsque des navires de la mer Caspienne l’ont utilisé pour traiter des sites en Syrie.
Les experts recommandent de recentrer la défense anti-sous-marine de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
Afin de contrer le danger des sous-marins armés de missiles dans la mer du nord de l’Europe, le rapport de l’Institut Hudson recommande de s’abstenir d’une position défensive à grande échelle. «Plutôt que d’essayer de chasser les sous-marins sur des zones de plus en plus vastes», estiment les auteurs, «les stratégies anti-sous-marines des États-Unis d’Amérique et de leurs alliés devraient se concentrer sur les opérations offensives pour empêcher que les bateaux ennemis atteignent leurs zones opérationnelles. «
Selon la communauté de spécialistes, les sous-marins conviennent également à la guerre dite hybride. On peut, sans être détecté, mettre à terre des forces spéciales qui pourraient opérer, comme en Crimée, sans emblème national. Cela est particulièrement vrai des sous-marins classiques dont la Russie dispose. C’est également l’avis du rapport de l’Institut Hudson : les sous-marins classiques russes seraient à même de conduire de telles opérations hybrides en Baltique comme en Méditerranée.
Et la communauté voit un autre danger : les nouveaux sous-marins spéciaux sont également capables de plonger si profondément qu’ils pourraient couper des câbles sous-marins. Les experts y voient une menace sur les connexions, entre l’Europe et l’Amérique du Nord, à travers lesquelles se font 90% des échanges de données, de tous types entre les nations membres de l’OTAN ou autres.
Ainsi, le sous-marin russe «AS-31», par exemple, peut vraisemblablement atteindre des profondeurs de plongée allant jusqu’à 2 500 mètres. Transporté sur un théâtre d’opération par un sous-marin stratégique adapté, il pourra rallier la zone d’intervention en toute discrétion et y manipuler des câbles sous-marins. Si ces compétences existaient déjà pendant la guerre froide, elles sont redevenues visibles lorsque l’engin, également connu sous le nom de «Loscharik», a eu un accident à l’été 2019. A ce jour on estime que celui-ci doit encore être réparé avant de pouvoir être réutilisé.
A suivre
Source : Actualités marine allemande