Défense anti-sous-marine (3)

Volet 3: La lumière à l’horizon

Renouveler les compétences en matière de lutte anti-sous-marine est une priorité pour l’OTAN. Bien gréée, la marine allemande est un partenaire adéquat.

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L’arme la plus importante utilisée par les frégates de la Marine pour la chasse sous-marine: l’hélicoptère Sea Lynx équipé de la torpille légère MU90
Bundeswehr / Marcel Kröncke

Malgré la critique sévère de Rotz sur l’état actuel de la défense anti-sous-marine de l’OTAN – elle a été «considérablement retardée» – l’expert canadien de la défense et parlementaire de l’OTAN  Leona Alleslev voit également des rayons de lumière. «Les hélicoptères de lutte ASM embarqués sont un domaine dans lequel les Alliés ont encore de solides capacités», déclare-t-elle dans son rapport spécial, «y compris quant au calendrier de leur renouvellement« Les aviateurs de la marine allemande disposent de 22 hélicoptères Sea Lynx en 2019: le Lynx britannique éprouvé sera suivi d’une variante marine du NH-90 européen à partir de 2025. Des partenaires comme la France, l’Italie et les Pays-Bas le mettent déjà en œuvre.

Des hélicoptères embarqués comme ceux-ci sont des atouts essentiels pour les frégates modernes. Le rôle de celles-ci dans la lutte ASM a changé au cours des dernières décennies : ce ne sont plus des navires de combat qui portent toujours leurs propres armes contre les menaces sous-marines. «Si une frégate devait engager le sous-marin avec ses propres ses torpilles c’était trop tard pour elle, », s’accordent à l’unisson les commandants de sous-marins et de frégates de la Marine. Désormais, en matière de lutte ASM, la frégate ASM est plutôt une plate-forme qui associe une grande variété de capteurs et d’armes dans une grande zone maritime.

Les frégates sont devenues la plateforme de commandement de la lutte ASM

La coopération optimale de tous les acteurs de la lutte ASM – navires, hélicoptères, avions et sous-marins – est d’une importance capitale en raison de l’environnement sous-marin complexe, des performances toujours croissantes des sous-marins et du nombre limité de ressources disponibles. La dernière procédure tactique pour cela est ce que l’appelle le « bi ou multi statisme »

Le principe du bistatisme est encore relativement simple : un chasseur de sous-marin, comme un hélicoptère de bord, émet sonar à la recherche de sous-marins. Un deuxième chasseur reçoit l’écho de ces émissions s’il y a d’une cible sous-marine et peut alors l’engager. Le multistatique augmente le nombre des émetteurs sonar et des récepteurs.

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Exemple de coopération : ici une frégate canadienne, un hélicoptère néerlandais et un sous-marin allemand, en 2015 lors de l’exercice Dynamic Mongoose en mer de Norvège
Marine américaine / David Benham

Si le multistatique a une portée relativement grande, il ne peut surveiller qu’une zone limitée», explique Bryan Clark de l’American Hudson Institute. L’ancien officier de marine et commandant de sous-marin est considéré comme l’un des plus grands experts mondiaux en la matière. « Vous les utilisez de manière défensive pour blanchir une zone que vous souhaitez protéger, l’usage de sonars actifs alerte le sous-marin d’une recherche en cours.. »

La nouvelle technologie de communication rend possible la mise en réseau nécessaire de plus en plus d’émetteurs et de récepteurs au-dessus et au-dessous de l’eau. L’OTAN améliore continûment cette technologie tout comme les procédures tactiques très confidentielles.

La lutte moderne utilise des sonars remorqués

Le prochain achat de la Bundeswehr pour les frégates multi-missions de Marine comprendra donc des modules spécialisés de lutte ASM. Les quatre frégates MKS 180 seront, comme les frégates Type 123 qui les ont précédées, également équipés d’un sonar de coque. Le plus important, cependant, est le sonar remorqué qui est inclus dans le module précité. Sa portée de détection donnera à nouveau aux futurs bâtiments un avantage sur les sous-marins. « Un sonar remorqué vous permet d’entendre un sous-marin à une grande distance, avec l’espoir de le détecter avant qu’il ne puisse nous engager», explique Clark. La lutte ASM ne peut se priver de sonars remorqués.

Dans ce contexte, une frégate ASM, même isolée, reste une forte menace pour un sous-marin – si elle dispose du bon équipement. Les sonars remorqués des bâtiments de surface ont également une grande portée de détection. Ce capteur, à l’identique d’un sous-marin, peut pénétrer profondément dans les différentes couches sous-marines pour détecter des cibles

L’expert américain explique que les sonars remorqués sont particulièrement bien adaptés aux multistatisme entre plusieurs navires. «De nombreuses marines européennes ont des sonars remorqués qui émettent un signal acoustique basse fréquence de longue portée», dit-il. «Si ce signal se réfléchit sur un sous-marin, quelqu’un peut l’intercepter. Un autre sonar remorqué en est un bon capteur. » Équipés d’un sonar remorqué, les bâtiments de lutte ASS comme les frégates MKS 180 sont donc capables de fonctionner idéalement avec d’autres navires également équipés.

Avec une telle coopération multistatique, au sein de l’OATN une coopération multinationale en sonar, les échos de signaux peuvent être captés à de grandes distances. En conséquence, les chasseurs discrets auront une longueur d’avance. « De cette façon, le multistatisme vous offre la possibilité de détecter un sous-marin à une distance telle que vous pouvez l’engager », résume Clark, « avant qu’il ne vous tire dessus avec ses missiles de croisière anti-navires à longue portée. »

Équipement minimum pour la défense anti-sous-marine

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Frégate ASM en l’Atlantique: le «Northumberland» britannique avec son hélicoptère embarqué. Sous le pont d’envol le sonar remorqué en position de repos
Royal Navy / Crown Copyright
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les frégates de la Royal Navy disposent d’un sonar remorqué de type 2087. Ici, l’antenne actif du système est toujours au-dessus de l’eau sur le dispositif de mise en œuvre.
Royal Navy / Crown Copyright
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Avec l’aide de ses hélicoptères embarqués et de leur sonar trempé, une frégate peut déjà conduire une chasse sous-marine en bistatisme. Mais la tendance est depuis longtemps au multistatisme. Ici un hélicoptère Merlin de la Royal Navy
Royal Navy / Crown Copyright

Aujourd’hui, le « kit minimum » pour la lutte ASM c’est l’ensemble frégate à sonar remorqué et hélicoptère ASM embarquée.

source : Actualités marine allemande