Il y a 70 ans, premier sous-marin nucléaire au monde, le USS Nautilus (SSN-571) est commandé.
L’USS Nautilus a inauguré l’ère du sous-marin nucléaire et a transformé du jour au lendemain la guerre navale. Il est indéniablement l’un des sous-marins les plus influents de tous les temps.
Les sous-marins étaient déjà des navires de guerre efficaces avant l’apparition du Nautilus. Mais la Seconde Guerre mondiale avait montré leurs faiblesses, en particulier leur incapacité à opérer longtemps en plongée et leur vitesse relativement faible. Malgré les succès remportés en l’Atlantique et dans le Pacifique, les nombreuses pertes subies de tous bords ne les ont pas placés dans la position dominante connue de nos jours. Les concepteurs ont exploré plusieurs pistes pour remédier à ces lacunes fondamentales. Le schnorchel répondait, imparfaitement, à l’endurance en iplongée : le sous-marin était toujours susceptible d’être détecté. L’AIP (propulsion indépendante de l’air) à base de peroxyde d’hydrogène tentait de résoudre les problèmes d’endurance et de vitesse en plongée mais s’avérait être un système difficile à exploiter en toute sécurité. Globalement, l’énergie nucléaire était la vraie réponse. Et le Nautilus a été le premier.
Le premier, mais pas le seul
Il ne fait aucun doute que l’USS Nautilus est l’un des sous-marins les plus influents de tous les temps. Il a inauguré la nouvelle ère du sous-marin nucléaire. Mais il est important de réaliser qu’il ne fut que le premier, qu’il ne fut pas unique. Avant même qu’il ne prenne la mer pour la première fois, d’autres sous-marins nucléaires étaient déjà en construction aux États-Unis et en Union soviétique. Ils avaient été conçus avant même que le Nautilus ne quitte le chantier.
La marine américaine et les Soviétiques s’étaient déjà engagés à mettre en service des sous-marins nucléaires. Si le Nautilus avait été un échec, il y aurait certainement eu une remise en question : ils avaient parié sur les « nucléaires ». D’autres pays, dont la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Suède, cherchaient aussi à rejoindre le club des sous-marins nucléaires. En fin de compte, tous ne pouvaient pas se le permettre. Mais le Nautilus a été un succès suffisant pour que les sous-marins nucléaires soient pérennes
Commentaires sur la conception
On dit souvent que l’USS Nautilus avait plus de points communs avec le Type-XXI qu’avec les sous-marins à l’étrave arrondie qui ont suivi. Ce n’est que partiellement vrai. Il ne fait aucun doute que le Type-XXI allemand « Elektroboot », le sous-marin le plus sophistiqué de la Seconde Guerre mondiale, a eu une influence considérable sur la conception des sous-marins des années 1950. Et l’USS Nautilus en a illustré les enseignements. Mais la marine américaine avait également ses propres idées, qui se mêlaient aux influences allemandes. L’USS Nautilus reflétait bien plus ces développements, étant à l’époque parmi les conceptions de coque les plus modernes à bord.
Son « massif » très haut et lisse était similaire à ceux qui étaient adoptés sur les anciens bateaux dans le cadre de la modernisation des GUPPY et témoignait d’une vision américaine plutôt qu’allemande. Les Britanniques installaient simultanément des massifs similaires sur leurs bateaux.
La coque était construite en monocoque et la proue enveloppait deux sonars ultramodernes, ces derniers étant les mêmes que ceux qui équipaient les nouveaux modèles de sous-marins classiques, c’est à dire dédiés à la lutte anti-sous-marine. La poupe était beaucoup plus moderne, avec des safrans supérieurs et inférieurs parfaitement mobiles.
Ainsi, si la conception était conservatrice, à l’exception de l’énergie nucléaire, elle n’était pas du tout démodée. En fait, elle était à la pointe du progrès pour l’époque.
Vie opérationnelle et destin
Sous-marins clairement opérationnel, le Nautilus a eu une durée de vie normale jusqu’à son retarit su service actif en mars 1980. En service, il s’est avéré être incroyablement rapide, ce qui le rendait (comme pratiquement tous les sous-marins nucléaires) extrêmement efficace contre les navires de surface. Il était cependant très bruyant et son sonar souffrait du bruit propre au-dessus de 7 nœuds. Cela a probablement entravé ses capacités anti-sous-marines. L’accent mis sur la furtivité pour les sous-marins américains suivants résoudra ce problème.
En 1986, il est ouvert au public en tant que pièce maîtresse de la médiathèque-musée de la force sous-marine à Groton (Connecticut). La visite en vaut la peine si vous pouvez vous y rendre. Vivement recommandé. Le musée de la Force Sous-marine
Source : HI Sutton