L’accident du Losharik, un sous-marin espion, est toujours un problème pour la marine russe
Un an après un accident mortel à bord du sous-marin à propulsion nucléaire Losharik, il reste hors service. L’accident a coûté la vie à 14 « hydronautes » d’élite et endommagé le sous-marin à coque en titane. Alors que la communauté internationale des sous-marins est unie pour se souvenir solennellement de ceux qui ont péri, les marines occidentales font le point. L’accident aura probablement un effet sur le vaste programme de modernisation de la marine russe. Le plus menacé est le sous-marin Belgorod.
Dimanche dernier, une cérémonie a eu lieu au cimetière Serafimovsky de Saint-Pétersbourg. Un monument était alors dévoilé par le vice-amiral Igor Mukhametshin, commandant en chef adjoint de la marine russe ; le sous-marin est, quant à lui, amarré à Severodvinsk dans l’attente de la fin des réparations.
Le mémorial se trouve à 650 miles au sud du lieu de l’accident, mais à proximité du siège de l’organisation secrète russe GUGI. GUGI est l’acronyme désignant la direction des recherches à grande profondeur qui est considérée comme une organisation d’espionnage. Bien que le sous-marin fasse partie de la marine russe, sa mission est dirigée par GUGI.
Les missions de ces sous-marins sont secrètes. C’est le genre d’activité qui n’est évoquée que par euphémisme dans la communauté de la défense. Ils sont désignés par des termes comme « guerre des fonds marins » et « génie sous-marin ». En termes simples, cela signifie poser des réseaux de capteurs sur le fond marin, et éventuellement des dérivations sur les câbles Internet. Losharik et les autres « moyens d’intervention à grande profondeur », appelés AGS, ont des bras manipulateurs pour pouvoir travailler sur des câbles au fond de la mer. Et ils peuvent plonger à des profondeurs incroyables, bien plus importantes que celles accessibles aux sous-marins « standards ».
Bien que GUGI dispose d’une grande flotte de sous-marins, plus grande en fait que de nombreuses marines de premier plan et sans aucun doute la plus grande flotte dédiée aux missions d’espionnage, elle souffre de problèmes de disponibilité. Plusieurs de ses sous-marins ont été mis sous cocon dans la ville arctique de Severodvinsk pendant de nombreuses années. À l’heure actuelle, quatre des mini sous-marins de plongée profonde sont là. Il s’agit notamment du Losharik, et c’est un problème pour la marine russe. Le Losharik, officiellement connu sous le nom d’AS-21, est le seul sous-marin du projet 10831. Le plus moderne et le plus performant du projet, il porte donc les plus grands espoirs. Par ailleurs le Belgorod est spécialement conçu pour le transporter.
Le Belgorod a été lancé le 23 avril 2019 et est en cours d’aménagement à Severdovinsk. Il est en fait juste de l’autre côté de la rivière d’où le Losharik a été vue récemment. Le Belgorod devrait être mis en service dans la flotte russe plus tard cette année, bien que cela semble très optimiste. Et, le Losharik indisponible, il n’y aura pas de « mission d’espionnage » significative à tester. Le lancement et la récupération de celui-ci seront logiquement une phase majeure des tests et la deuxième mission de Belgorod, en tant que plate-forme de lancement de l’arme stratégique Poséidon, n’est pas attendue avant 2027. Cela se traduit probablement par un retard dans le calendrier du Belgorod.
Nous ne savons pas combien de temps prendront les réparations du Losharik. Le fait qu’il flotte et soit déplacé dans Severodvinsk, peut signifier deux choses. Soit il y a des retards dans le démarrage d’une des phases de réparation et il attend un créneau, soit il est presque terminé. Soyez assurés que les analystes surveilleront, essayant de comprendre ce que cela signifie pour la marine russe.
source : Forbes