Le français Naval Group a des discussions avec les Philippines pour la vente de sous-marins
Cela fait plus de trente ans que la marine des Philippines envisage de se doter d’au-moins deux sous-marins à propulsion diesel-électrique. Mais, pour des raisons budgétaires, ce projet n’a jamais pu se concrétiser. Cependant, avec les tensions en mer de Chine méridionale, que se sont traduites par la mainmise de Pékin sur le récif de Scarborough, l’idée d’une telle acquisition a d’autant repris de la vigueur que d’autres pays régionaux, comme la Malaisie et le Vietnam, se sont dotés de cette capacité.
En 2013, l’état-major philippin créa un bureau dédié aux sous-marins. Pour autant, rien de concret n’en sortit jusqu’à l’élection de Rodriguo Dutertre à la tête du pays. Et, désormais, l’achat de navires de ce type fait partie des priorités de Manille.
De même que le renforcement des capacités anti-sous-marines, lesquelles reposent sur les frégates BRP Jose Rizal et BRP Antonio Luna , chacune étant équipée d’un hélicoptère AW159 Wildcat.
En effet, le 19 octobre, le chef d’état-major de la marine philippine, le vice-amiral Giovanni Carlo Bacordo, a plaidé pour un achat d’un autre lot d’hélicoptères AW159 Wildcat, afin d’en équiper les deux corvettes que Manille envisage d’acquérir d’ici 2023.
Quant aux projet d’acquérir des sous-marins, les Philippines ont d’abord songé à s’adresser à la Russie. Et, en 2018, la rumeur parlait d’un accord proche pour la livraison, d’ici 2023, d’un premier navire de la classe Kilo. Mais ce projet n’alla pas plus loin, Washington ayant fait comprendre qu’un tel achat risquait de compromettre ses relations militaires avec Manille, établies depuis 1951, avec la signature d’un Traité de défense mutuelle.
La piste russe s’étant refroidie, la rumeur d’un achat de sous-marins auprès de la France prend de l’ampleur depuis quelques mois. « La marine [des Philippines] considère que la France doit être le fournisseur de nos sous-marins. Et les Français sont aussi bons pour fabriquer aussi des avions », aurait ainsi déclaré Delfin Lorenzana, le ministre philippin de la Défense, selon des propos rapportés par le Manilla Bulletin, en janvier dernier. Trois plus tard, la Philippines News Agency [PNA] indiquait que le « Scorpène » du français Naval Group « figurerait en tête de liste des plateformes sous-marines envisagées par les responsables de la marine ».
Lors du salon Euronaval Online [organisé uniquement sur Internet en raison des mesures sanitaires liées à la covid-19], le Pdg de Naval Group, Pierre-Éric Pommellet, a confirmé l’existence de « discussions intenses » avec Manille au sujet de la vente de sous-marins.
« Les Philippines sont un autre pays où nous avons été très actifs pendant la crise [de la covid-19]. La marine philippine veut créer une nouvelle force sous-marine pour augmenter ses capacités navales. Nous sommes restés en contact étroit avec les autorités philippines pendant la crise. Nous verrons dans les prochaines semaines si ce projet avance. Mais bien sûr, là encore, Naval Group peut démontrer, nous l’avons fait au Brésil ainsi qu’en Inde, et nous le faisons en Australie, sa capacité à transférer la production », a affirmé M. Pommellet, comme le rapporte Naval News.
« Nous sommes au début de ce projet, avec des discussions intenses avec le gouvernement des Philippines. Nous explorons des scénarios. Nous ne sommes pas encore en train de définir quel sera le scénario final. Ils veulent créer une force sous-marine, ils sont très intéressés par ce que nous faisons et nos capacités. Nous explorons actuellement différentes possibilités. Je n’en dirai pas plus », a ajouté le Pdg de Naval Group, qui n’a pas confirmé le type de sous-marin qu’envisage de se procurer la marine philippine.
Cela étant, Manille pourrait également considérer une offre… faite par Séoul, étant donné que la marine philippine a des liens de plus en plus en plus étroits avec l’industrie navale sud-coréenne. En effet,
Hyundai Heavy Industries et Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering ont construit, sous licence, des sous-marins de Type 209 [classe « Chang Bogo »] et de Type 214 [classe « Sohn Wonyil »], de conception allemande. Ce qui leur a donné suffisamment d’expérience pour mettre au point le Dosan Ahn Changho, un navire inaugurant une nouvelle classe de sous-marins pouvant emporter au moins dix missiles de croisière « Chonryong ».
Source: Opex360