Le projet de sous-marin de Taiwan progresse après le feu vert des États-Unis pour la fourniture d’équipements clés
Le projet de sous-marin indigène (IDS) de Taiwan progresse. Le navire prototype devrait être lancé en 2024 et sera livré à la marine de ROC en 2025. Le programme a reçu un coup de pouce suite à la récente approbation des États-Unis pour transférer un certain nombre de technologies clés, y compris les périscopes.
Le 29 janvier 2021, le média taïwanais Liberty Times Net a cité un responsable gouvernemental anonyme disant qu’en raison de la détérioration des relations entre Taiwan et la Chine, les hauts responsables envisagent d’accélérer le calendrier de construction du sous-marin de défense autochtone (IDS). Le plan serait de terminer la construction au plus tôt possible dans le respect de normes de qualité de construction élevées.
Les hauts fonctionnaires s’attendent à ce que le lancement du prototype ait lieu dans la seconde moitié de 2023, suivi d’essais en mer et de livraison à la marine de la République de Chine en 2024. Ils devraient soumettre la proposition de production de masse et le budget spécial au parlement afin de sécuriser le budget sans trop de difficultés, tant que le président Tsai Ing-wen est en fonction et que le DPP a toujours la majorité au parlement.
Mais le 11 mars, un autre média taïwanais, Up Media, cite une source anonyme, critiquant l’accélération du projet IDS. La source anonyme a déclaré que les pays européens et l’Australie rencontraient des difficultés pour intégrer tous les nouveaux systèmes lors du développement de leurs nouveaux sous-marins. Taiwan, qui développe un sous-marin pour la première fois, le fera avec soin et méthode, dans la discrétion.
Le ministère de la Défense nationale a déclaré aux médias que les technologies et les composants dont Taiwan avait besoin pour concevoir et construire ses propres sous-marins sont divisés en trois catégories codées par couleur rouge, jaune et vert.
Les technologies et composants dont Taiwan, incapable d’en conduire la recherche et le développement, de fabriquer, compte sur l’importation, sont codés en rouge. Les jaunes sont difficiles à obtenir, mais certains éléments peuvent être fabriqués localement. Et les verts sont ceux qui peuvent être facilement produits à Taiwan.
La zone rouge comprend l’intégration de systèmes de combat, des systèmes de sonar numériques, des mâts optroniques (périscopes), des torpilles, des tubes lance-torpilles, d’autres équipements de combat ainsi que des moteurs diesel et d’autres équipements de plate-forme importants.
Les médias taïwanais ont rapporté que les États-Unis pourraient approuver, en nombre, la licence d’exportation des technologies de la «zone rouge» depuis décembre 2020. Le 2 décembre, Art Chang (張忠誠), président du National Chung-Shan Institute of Science and Technology (NCSIST) a déclaré aux parlementaires que Taiwan est susceptible d’acquérir, des Etats-Unis, deux composants clés le mois prochain : un système de combat intégré et une sonar numérique. Plus tard le 16 décembre, le vice-ministre de la Défense Chang Che-ping (張哲平) a déclaré que les États-Unis avaient approuvé une licence d’exportation pour le système de sonar numérique.
Le 16 mars 2021, le nouveau ministre de la Défense de Taiwan, Chiu Kuo-cheng (邱 國 正), a pris la parole au parlement et a confirmé l’approbation par les États-Unis des licences d’exportation pour toutes les technologies militaires de la «zone rouge» utilisées dans le programme IDS. Mais il a également dit qu’il n’y a pas de calendrier pour la livraison de ces systèmes, le calendrier suivra la procédure, les militaires y attachent une grande importance et le suivront, étape par étape, dans le respect des lois et procédures.
Quel type de périscopes?
Contacté par Naval News, l’expert en mâts sous-marins Richard W.Stirn a expliqué qu’il n’y a probablement que deux types de mâts qui pourraient être transférés des États-Unis à Taiwan:
Je dirais qu’il est possible que les périscopes envoyés à Taiwan pour leur IDS soient des périscopes optroniques plus anciens de type 8 et 18 en excès de la classe Los Angeles ou une version d’exportation allégée du système optronique AN / BVS-1 de la classe Virginia
Interrogé sur le besoin de modification de ces mâts pour s’adapter au sous-marin IDS «beaucoup plus petit», Stirn a expliqué que «des mâts de type 8 et 18 ont été installés sur des sous-marins indiens de type 209, donc des adaptations sont possibles» . Il a ajouté que «l’AN / BVS-1 a été installé sur le type Walrus néerlandais et sur un sous-marin, au moins, sur la classe égyptienne 033 Romeo. L’exportation est donc également possible dans la mesure où il s’agit d’une version allégée de celui-ci ». Les deux types de mâts ont été fabriqués par Kollmorgen (maintenant connue sous le nom de filiale L-3 «Kollmorgen Electro-Optical» ou KEO).
À propos du projet de sous-marin de défense autochtone (IDS) de Taiwan
La marine et le chantier naval local China Shipbuilding Corporation (CSBC) ont signé, en mai 2019, un contrat de construction pour un sous-marin prototype dans le cadre du projet IDS. La construction a commencé en novembre 2020 et sa livraison à la marine est prévue pour 2025.
Selon Covert Shores , le nouveau design s’appuie sur la classe Hai Lung, gardant une forme similaire mais s’écartant notamment par des gouvernails en forme de X et massif plus tdairionnel. Cela implique aussi qu’il sera à double coque avec une disposition interne relativement conventionnelle.
Le nouveau design semble dérivé du design néerlandais, ce qui est logique car Taiwan exploite deux bateaux de conception néerlandaise. L’adaptation de nouvelles technologies de batterie, probablement au lithium-ion, placera ce projet dans le niveau haut des sous-marins non nucléaires. D’autres pays construisent également des sous-marins avec ces technologies de batteries, notamment le Japon, la Corée du Sud et l’Italie. Les marines ont mis du temps à adopter les batteries lithium-ion pour les sous-marins en raison de problèmes de sécurité :elles sont trop sujettes au feu. Les pays qui optent pour cette technologie estiment avoir résolu ce problème. Pour Taïwan cela reste encore un nouveau défi.
Auteurs : Tso-Juei Hsu et Xavier Vavasseur
Source NavalNews by HI SUTTON