Le sous-marin espagnol S-80P AIP du type Isaac Peral

Le S-81 Isaac Peral est l’un des plus grands sous-marins non nucléaires au monde. Ce sous-marin océanique de 2 965 tonnes qui donnera de nouvelles capacités à la marine espagnole est également proposé à l’export. Fait unique pour un sous-marin non-nucléaire occidental, il est à même de lancer des missiles Tomahawk.

Le Isaac Peral (S-81), premier du type, a été baptisé le 22 avril 2021 à Carthagène, en Espagne. Il s’agit de l’un des plus grands sous-marins non nucléaires au monde, qui promet d’être une avancée majeure pour la marine espagnole.

La classe S-80 Plus (alias S-80P) se caractérise comme anaérobie (AIP) gréé d’une pile à combustible au bioéthanol. Défini par Navantia , le chantier constructeur sous le nom de BEST (Bio-Ethanol Stealth Technology) ce système offre certains avantages par rapport aux autres systèmes AIP. Après utilisation, l’éthanol est reformé, ce qui évite de devoir stocker séparément l’hydrogène à bord. Les autres sous-marins AIP ont besoin de réservoirs d’hydrogène. L’éthanol est, de plus, un carburant relativement facile à obtenir.

Le sous-marin sera armé de trois types d’armes : la torpille lourde DM2A4, le missile anti-navires UGM-84 Sub-Harpoon et les mines sous-marines SAES. Il est également prévu de les équiper du missile de croisière UGM-109 Tomahawk. La marine espagnole ferait ainsi partie d’un groupe réduit de marines dont les sous-marins disposent d’une capacité de frappe stratégique. Bien que commande de Tomahawk ne soit pas actée, le sous-marin conserve la capacité de les transporter s’ils sont acquis à l’avenir. Cette capacité est unique parmi les sous-marins non nucléaires de l’OTAN.

À propos du nom : Isaac Peral

Le nom du sous-marin rappelle une époque où les ingénieurs espagnols étaient parmi les premiers pionniers de la guerre sous-marine. Isaac Peral (1851-1895) était un officier de marine et un ingénieur qui a conçu le premier sous-marin entièrement électrique. L’engin a été mis en service dans la marine espagnole en 1889, plus de dix ans avant que l’US Navy et la Royal Navy ne mettent en service leurs premiers sous-marins de classe Holland.

En mémoire, le nom d’Isaac Peral a été donné à trois autres sous-marins de la marine espagnole. Malgré l’œuvre pionnière de Peral, les sous-marins d’après-guerre ont, pour la plupart été acquis à l’étranger. La production locale de modèles français a débuté à Carthagène à la fin des années 1960 avec la classe Daphné. Quatre d’entre eux ont été construits, suivis par quatre Agosta dans les années 1980.

Dans les années 1990, Navantia (Espagne) et DCNS (maintenant Naval Group, France) ont commencé le développement conjoint du sous-marin de classe Scorpène. Celui-ci était destiné au marché de l’exportation et a connu le succès auprès du Chili, de la Malaisie, de l’Inde et du Brésil.

Cependant, la taille étant trop petite pour les exigences espagnoles, le programme du sous-marin S-80 a été lancé. C’est à ce moment-là que Navantia et Naval Group se sont séparés et que le S-80 est désormais considéré comme une conception espagnole. Bien entendu, on retrouve certaines caractéristiques générales du Scorpène. Cela est particulièrement visible avec le massif, où la ressemblance est évidente.

Un problème sérieux aujourd’hui résolu

Le S-80 a connu une gestation mouvementée. À l’origine, il devait être un peu plus petit qu’il ne l’est aujourd’hui. Cependant, des erreurs de calcul lors de la conception ont entraîné un surpoids d’environ 70 tonnes. Il s’agissait d’un problème sérieux et la nouvelle conception a donné lieu à un appareil nettement plus grand et, partant, plus sûr.

On dit que l’erreur est née d’un malentendu et « d’une décimale mal placée ».


Le S-80 originla était sensiblement plus court que le S-80P.

Spécifications

  • Déplacement 2,695t en surface, 2,965t en plongée
  • Longueur 81m
  • Largeur hors tout 11,6 m
  • Tirant d’eau 6.3m
  • Diamètre 7.30m
  • Endurance 50 jours
  • Équipage 32 membres, plus 8 membres des forces spéciales

Comparé à la classe Scorpène

Par rapport au Scorpène, le S-80 a une coque plus large. Le diamètre de la coque épaisse est de 7,30 mètres, contre 6,20 mètres. Cette différence apparemment minime est suffisante pour l’adjonction d’un pont supplémentaire. Cela signifie également que pour l’emport d’un même nombre de torpilles le poste torpilles n’occupe pas toute la hauteur de la partie avant du sous-marin. La longueur est également plus importante : 80,80 mètres au lieu de 61,70 mètres.

Une autre différence majeure est que le S-80 a été conçu dès le départ comme un sous-marin AIP. Actuellement, aucun Scorpène n’est équipé de l’AIP, mais il est prévu qu’il le devienne. Le constructeur français de sous-marins Naval Group, qui commercialise désormais exclusivement le Scorpène, le propose. En Inde, un système AIP local sera adapté à la variante de la classe Kalvari.

Le développement du S-80 n’a pas été sans complications ni retards. Les deux premiers, l’Isaac Peral (S-81) et le Narciso Monturiol (S-82) entreront en service sans l’AIP. Il sera ajouté lors d’une révision ultérieure. Le troisième , le Cosme García (S-83), devrait recevoir l’AIP cette année. Le dernier, le Mateo García de los Reyes (S-84) le recevra également au neuvage.

Cette nouvelle classe promet de moderniser complètement la flotte de sous-marins de la marine espagnole. L’AIP offre une endurance d’environ 3 semaines et peut être utilisé quelle que soit l’immersion. Si l’on ajoute un équipage réduit (32 personnes seulement), cela pourrait rendre le sous-marin attrayant à l’export.

Source: HI Sutton