Les Pays-Bas retardent encore l’achat de quatre nouveaux sous-marins
En 2014, dans le cadre du projet « WRES » [pour « Walrus Replacement Program »], les Pays-Bas firent part de leur intention de lancer un appel d’offres pour remplacer les quatre sous-marins de type « Walrus » de la Marine royale néerlandaise à partir de 2025. D’une valeur alors estimée à 2,5 milliards d’euros, ce marché insistait sur les transferts de technologie et l’implication de l’industrie locale dans la construction et la maintenance des futurs navires.
Quatre industriels européens se mirent en ordre de marche pour remporter cet appel d’offres.
Ainsi, proposant une solution basée sur le Shortfin Barracuda, le français Naval Group s’associa à l’intégrateur Royal IHC tandis que le suédois Kockums se rapprocha de Damen pour soumettre son sous-marin A-26. De son côté, l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] se lia aux instituts technologiques TNO, Marin et Royal NLR, tout en promettant des économies d’échelle avec son U212CD, déjà en développement pour les besoins des forces navales allemandes et norvégiennes. Enfin, en décembre 2019, il fut annoncé que l’espagnol Navantia serait écarté de la compétition, faute d’avoir pu nouer des coopérations avec l’industrie néerlandaise à un niveau satisfaisant
Cela étant, cette procédure ne cesse de prendre du retard. Le 28 mai dernier, les parlementaires néerlandais furent informés qu’aucune décision sur le choix du futur modèle de sous-marin ne serait annoncée d’ici la fin de l’année 2022, alors qu’elle était attendue pour 2021.
« Les aspects politiques [notamment les impératifs de sécurité nationale] et la gestion des risques ont été pris en compte. Mais aucune des offres faites par les candidats ne s’est imposée à l’unanimité lors de la phase de recherche [dite phase B] », expliqua le ministère néerlandais de la Défense. Et, selon ce dernier, le premier sous-marin devait désormais être livré en 2028, avec l’objectif d’en avoir deux pleinement opérationels d’ici la fin de l’année 2031.
Auparavant, la Cour des comptes néerlandaise estima que les coûts du programme WRES étaient sous-évalués… et que, par conséquent, un investissement de 730 millions d’euros supplémentaires allait être nécessaire.
« Toutes les dépenses relatives aux nouveaux sous-marins e à leur fonctionnement n’ayant pas été comptabilisées, nous arrivons à la conclusion que le budget est trop bas. […] En plus des ajustements de niveau de prix, nous identifions des risques financiers. Par exemple, les coûts de la phase de transition de la classe Walrus vers un nouveau type de navire n’ont pas encore été calculés », avait-elle avancé. Et d’ajouter : « Il n’est pas clair si la coopération internationale permettra de réaliser des économies ou fera augmenter les coûts. Les risques imprévus n’ont pas encore été inclus dans ce projet ».
En tout cas, le programme WRES n’est sans doute pas près d’aboutir. Le 28 octobre, le ministère néerlandais de la Défense a de nouveau publié un communiqué pour indiquer que le remplacement des quatre sous-marins de type Walrus prendrait encore plus de temps que prévu. Et là, aucune nouvelle échéance n’a été précisée.
Ce nouveau contretemps serait en partie dû à des difficultés dans les discussions avec les trois candidats, celles-ci n’avançant « pas aussi vite qu’espéré ». En outre, les soumissionnaires ne « livrent pas les informations souhaitées », a indiqué le ministère néerlandais de la Défense. « Un deuxième cycle de dialogue aurait dû commencer en septembre, mais a été reporté à décembre. Ce cycle doit permettre d’examiner les concepts et s’ils répondent aux exigences fixées », a-t-il ajouté.
Résultat : les sous-marins de type Walrus devront sans doute jouer les prolongations. En effet, la même source a indiqué qu’un « groupe de travail » a été mis en place pour voire comment ces derniers « peuvent rester en service plus longtemps, en tenant compte des risques financiers et opérationnels ». Les résultats de cette étude seront communiqués au Parlement néerlandais au printemps 2022.
source : OPEX360