L’inquiétant nouveau sous-marin de Kim Jong-un
L’agence de presse nord-coréenne a publié des photos du dirigeant Kim Jong-un inspectant un nouveau sous-marin. Potentiellement équipé de missiles à têtes nucléaires, ce nouvel engin se dévoile en pleine impasse dans les négociations entre Washington et Pyongyang sur la dénucléarisation nord-coréenne.
Voilà qui risque de faire des vagues. Ce mardi 23 juillet, les autorités nord-coréennes, via l’agence de presse d’État KCNA, ont annoncé que le dirigeant Kim Jong-un avait inspecté un nouveau sous-marin tout juste sorti de l’usine, sans en préciser le lieu ni la date. “Il s’acquittera de ses fonctions dans les eaux de la mer l’Est (aussi appelée Mer du Japon NDLR). Son déploiement opérationnel est à portée de main”, lit-on dans le communiqué. Kim Jong-un a lui “exprimé sa grande satisfaction” avant d’insister sur “la nécessité d’accroître la capacité de défense nationale en concentrant les efforts sur le développement de la flotte navale”.
Si le dictateur nord-coréen “a appris en détail les systèmes tactiques, de données opérationnelles et d’armes de combat” de son tout dernier bijou, l’agence de presse nationale s’est bien abstenue d’en dévoiler la liste. Malgré tout, il semblerait bien que ce sous-marin puisse écumer les mers avec des missiles balistiques à son bord. Des engins capables de lancer une ou plusieurs armes, dont des têtes nucléaires, et caractérisés par une trajectoire uniquement influencée par sa propulsion et la gravité terrestre. C’est en tout cas l’avis du spécialiste naval H.I Sutton interrogé par l’agence de presse Reuters. “Je prends le pari que c’est un sous-marin lance-missiles”, a-t-il lâché à la vue des photos. Et pour cause : son “énorme” taille et son “haut pont”, de dimension suffisante pour abriter des missiles à la verticale.
Le spécialiste estime ainsi que le nouveau sous-marin de Kim Jong-un se trouverait être une version améliorée d’un submersible soviétique de la classe Romeo. En effet, Pyongyang en a acheté une bonne vingtaine à la Chine dans les années 1970-1980, avant de les construire directement sous licence. En 2014, les autorités nord-coréennes avaient par ailleurs publié des photos de Kim Jong-un inspectant l’un d’eux. Un avis partagé par Ankit Panda, chercheur à la Federation of American Scientists, basée aux États-Unis. “Nous pouvons clairement voir qu’il s’agit d’un sous-marin massif, bien plus grand que celui qui est connu depuis 2014”, a-t-il déclaré à Reuters.
Pour l’instant, la Corée du Nord dispose d’une vaste flotte de sous-marins, probablement de plusieurs dizaines selon les spécialistes, mais tous de petite taille pour surveiller les eaux territoriales du pays. Seul un de leurs submersibles, encore expérimental, serait capable de transporter des missiles balistiques. Avec ce nouveau sous-marin potentiellement lanceur de missiles balistiques, et dotés de têtes nucléaires, Kim Jong-un pourrait bien avoir changé de cap en souhaitant acquérir une composante sous-marine de sa dissuasion nucléaire. D’autant plus que Pyongyang ne cesse d’avancer dans son programme de missiles balistiques tirés depuis un sous-marin et a réussi un test au printemps 2016. Cedit missile aurait une portée d’environ 1.000 kilomètres, à coupler avec la distance franchissable par le sous-marin, et a depuis été montré lors de parades militaires.
Les négociations entre Washington et Pyongyang sur la dénucléarisation nord-coréenne restent d’ailleurs dans l’impasse depuis l’entretien entre Kim Jong-un et Donald Trump au Vietnam en février dernier. Les deux hommes n’ont pas réussi à trouver un accord, le premier estimant les demandes américaines trop importantes et souhaitant la levée des sanctions économiques le visant avant d’accepter la moindre concession. Une demande refusée par Donald Trump, même si le président américain assure toujours avoir une “bonne relation” avec son homologue nord-coréen. Plus récemment, lors d’une rencontre organisée le 30 juin dernier dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, les deux chefs d’État se sont néanmoins accordés pour la reprise des négociations. Attention tout de même, Kim Jong-un, frustré par l’absence de concessions de la part des États-Unis, a déclaré qu’il n’attendrait que jusqu’à la fin de l’année pour que les Américains fassent preuve de souplesse.
source : capital.fr