Sous-marins russes en Atlantique.
Lorsque la Russie a déplacé un groupe de navires de guerre emmené par le croiseur Maréchal Ustinov, de classe SLAVA , de l’Arctique à l’Atlantique Nord, elle a fait la une des journaux. Tout comme certains navires de débarquement importants qui ont été envoyés en mer Noire dans le cadre d’exercices ou comme un sous-marin de classe KILO, hier, et d’autres à venir. Mais ce ne sont pas les seuls déploiements de la marine russe auxquels on devrait s’intéresser.
Il est probable que la Russie ait déployé des sous-marins à propulsion nucléaire dans l’Atlantique Nord. Ce déploiement s’ajoute aux mouvements navals précédemment signalés, liés au renforcement de l’Ukraine. Ces sous-marins seront situés entre les États-Unis et l’Europe. Et seront particulièrement importants pour le Royaume-Uni (et l’Irlande également).
Ce sera une difficulté majeure pour l’OTAN. Bien qu’il soit improbable que la Russie cherche à déclencher une troisième guerre mondiale, le déploiement de navires de guerre dans l’Atlantique Nord entravera toute réponse de l’OTAN à l’action de la Russie en Ukraine. La Grande-Bretagne, en particulier, devra prendre des décisions difficiles.
Les sous-marins russes : Des adversaires compétents
Naturellement, nous ne pouvons pas être sûrs des sous-marins qui pourraient se trouver dans l’Atlantique Nord. C’est l’avantage inhérent aux activités des sous-marins. L’OTAN en saura probablement beaucoup plus, bien sûr, mais malgré ce que vous lisez, les mers sont loin d’être transparentes.
Et les sous-marins russes sont très performants. Beaucoup sont un peu plus vieux que leurs équivalents de l’US Navy et de la Royal Navy, mais ils sont suffisamment récents pour être difficiles à détecter. Ils sont en outre bien armés et exploités avec compétence. Ce dernier facteur est peut-être le plus important en termes de menace.
Le sous-marin russe le plus puissant qui pourrait être impliqué est la classe SEVERODVINSK. Populairement connu sous son nom russe, la classe Yasen, il s’agit du sous-marin russe le plus moderne et le plus puissamment armé. Il a également la réputation d’être extrêmement furtif. Chacun de ces sous-marins peut transporter 32 missiles supersoniques P-800 Oniks (SS-N-26 STROOBLE). Ou des missiles de croisière Kalibr, plus petits mais de plus longue portée. Dans les deux cas, ils peuvent traiter des cibles à terre ou en mer.
Les « SEV » sont appuyés par les sous-marins à missiles de croisière de classe OSCAR-II, plus anciens mais tout aussi réputés. Ces derniers sont actuellement armés de 24 missiles de croisière antinavires massifs P-700 Granit (SS-N-19 SHIPWRECK). Bien qu’il s’agisse d’un système plus ancien, il représente toujours une menace sérieuse pour les navires de surface.
Outre les sous-marins équipés de missiles de croisière, des sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire (SSN) sont également susceptibles d’être déployés. Il s’agit des classes AKULA, SIERRA-II, et des derniers VICTOR-III. Ces bateaux sont principalement armés de torpilles.
La présence d’un seul de ces sous-marins dans l’Atlantique Nord sera une source de préoccupation pour l’OTAN. Surveiller et contrer un « SEV » ou un AKULA mobilisera d’importantes moyens. Ceci pourrait dissuader la Royal Navy, déjà réduite et surchargée, de déployer un grand nombre de ses moyens à l’est, vers l’Ukraine.
L’OSINT offre beaucoup, mais pas tout
La quasi-totalité des mouvements navals de la Russie doit être considérée comme faisant partie d’un jeu stratégique beaucoup plus vaste entre la Russie et l’Occident. La Russie prépositionne des navires de guerre pour compléter son renforcement militaire sur terre. Les lieux et les actions peuvent se situer à des milliers de kilomètres de l’Ukraine, mais ils en font tout de même partie.
Les navires russes dans l’Atlantique, menés par le croiseur de classe SLAVA Maréchal Ustinov, ont été suivis de près par des sources ouvertes. Début février, des exercices prévus dans la zone économique exclusive (ZEE) de l’Irlande ont suscité une certaine controverse. Le renseignement de source ouverte (OSINT) a contribué à attirer l’attention du public sur ce sujet.
Et l’OSINT a joué un rôle majeur en alertant le monde sur le fait que la majeure partie de cette force russe était ensuite entrée en Méditerranée. (Notez que certains bâtiments de guerre russes restent actifs au large du Royaume-Uni et de la France). Il est probable que la Russie espérait que ce serait le cas, en offrant des fils d’Ariane OSINT dans le cadre de sa posture et de sa guerre de l’information. Fils favorables aussi à la désinformation ou au leurrage.
Mais l’OSINT dispose de sources limitées pour vous dire ce qui se passe sous les vagues. Mais ce qui est loin des yeux ne doit pas être loin du cœur.
L’OSINT peut mettre en lumière les constructions militaires sur terre et, dans une certaine mesure, en mer. Il peut révéler des sous-marins en surface et permettre la surveillance de la situation des sous-marins à quai. Ainsi en témoigne la veille « navale » en Méditerranée comme en mer Noire.
Des parties se jouent en Atlantique, discrètes et indétectées … à moins que l’OTAN ou la Russie ne les révèlent
source: HI Sutton