Sous-marins russes : L’US Navy doit « considérer l’Atlantique Nord comme un espace contesté »
En octobre dernier, le renseignement militaire norvégien avait indiqué qu’au moins dix sous-marins russes, dont huit à propulsion nucléaire, venaient de prendre le large pour des manœuvres devant durer plusieurs semaines, leur objectif étant de naviguer le plus longtemps possible sans se faire repérer tout en faisant comprendre qu’ils pouvaient menacer la côte Est des États-Unis, perturber éventuellement les lignes d’approvisionnement entre les deux rives de l’Atlantique et opérer dans le passage dit GIUK [Groenland – Islande – Royaume-Uni].
Et, visiblement, le message est passé. Le 4 février, lors d’un colloque organisé par l’US Naval Institute. et le Center for Strategic and International Studies [CSIC], le vice-amiral Andrew Lewis, le chef de la 2e Flotte de l’US Navy qui, dédiée à l’Atlantique Nord, a récemment été réactivée, a fait part d’une intensification des patrouilles de sous-marins russes dans sa zone de responsabilité. Au point d’estimer, que, désormais, cette dernière ne peut plus être considérée comme totalement sûre et incontestée.
« L’Atlantique est un espace de bataille incontournable. Notre nouvelle réalité est que lorsque nos marins appareillent, ils peuvent s’attendre à opérer dans un espace contesté une fois qu’ils auront quitté Norfolk [base navale sur la côte Est des États-Unis, ndlr] », a dit le vice-amiral Lewis. « Nous voyons un nombre toujours croissant de sous-marins russes déployés dans l’Atlantique. Et ces sous-marins sont plus performants que jamais, se déployant sur de plus longues périodes, avec des systèmes d’armes plus meurtriers », a-t-il expliqué.
« En tant que tels, nos navires ne peuvent plus s’attendre à opérer dans un refuge sûr sur la côte Est ou simplement traverser l’Atlantique sans entrave. […] Nos marins ont conscience qu’ils ne sont plus incontestés et ils s’attendent à opérer aux côtés d’adversaires potentiels. », a poursuivi le commandant de la 2e Flotte de l’US Navy.
Évidemment, cette nouvelle donne a des conséquences sur la façon dont se préparent les équipages de la marine américaine avant de partir en mission. « L’accent est davantage mis sur les opérations ‘haut de gamme’ lors des exercices de pré-déploiement », a expliqué le vice-amiral Lewis.
Cependant, ce dernier n’a pas précisé l’ampleur exacte de l’activité des sous-marins russes dans l’Atlantique-Nord. Cela étant, en 2016, le vice-amiral britannique Clive Johnstone, alors patron du Maritime Command de l’Otan, avait indiqué qu’elle avait retrouvé un niveau proche de celui constaté peu avant la fin de la Guerre Froide [niveau qui avait fortement chuté entre 1983 et 1988, ndlr].
Reste que la Russie a fortement investi dans le développement de ses sous-marins, ce qui s’est traduit par la mise en service de nouveaux modèles particulièrement performants, opérés par des équipages expérimentés. Ainsi, selon le blog « The War Zone », le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Severodvinsk, appartenant à la classe Iassen et pouvant emporter 40 missiles de croisière Kalibre, aurait donné du fil à retordre à l’US Navy durant l’automne 2019. Pire, elle n’aurait pas réussi à le localiser.
Un rapport de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, publié l’an passé, a d’ailleurs souligné que les capacités de lutte anti-sous-marine des pays membres de l’Alliance avaient « considérablement diminué » depuis la Guerre Froide… au point de ne plus être en mesure de mener une « campagne de lutte ASM globale et coordonnée, que ce soit en temps de paix ou dans une situation de conflit ».
source : opex360