USA – « Génial » le drone volant lancé par sous-marin : il guide l’ attaque de torpille à une distance jamais vue

La marine américaine a déployé de nouveaux drones lancés depuis des sous-marins pour espionner des cibles et permettre des attaques de torpilles sur des navires naviguant loin au-delà de l’horizon. En agissant comme les yeux et les oreilles du sous-marin, le drone peut augmenter considérablement sa portée de frappe – et maintenir le sous-marin loin de toute arme ou capteur défensif.

Le déploiement a été révélé par le contre-amiral Dave Goggins, directeur du programme des sous-marins, lors d’une communication en distanciel lors du symposium annuel de la Naval Submarine League (*).

Goggins a qualifié le nouveau drone lancé par sous-marin (SLUAS) de « d’apport capacitaire remarquable à la marine ».

Les torpilles modernes comme la Mk 48 ADCAP Mod 6 sont limitées par la portée des capteurs. Officiellement, la Mk 48 a une portée de « plus de cinq miles » ; officieusement, on pense qu’elle est d’un peu plus de 30 miles. Le problème est qu’il est difficile pour un sous-marin de détecter, d’identifier et de suivre une cible à cette distance. De nos jours et par discrétion (risque de détection radar) les sous-marins n’utilisent le périscope lors d’ une attaque ; celle-ci se fait « à l’écoute ». Mais, selon les conditions, cela peut donner des éléments -but largement imprécis (à plusieurs kilomètres près).

Le drone résout tout cela. Il est lancé en immersion à partir d’un tube- lance-leurres de 3 pouces, remonte à la surface puis s’envole, ayant déployé ailes et hélice [d’un moteur électrique]. Équipé de caméras de vision diurne et nocturne, il transmet les données au sous-marin. Alors que le sonar peut avoir des difficultés à repérer un navire spécifique dans un groupe, le drone peut facilement identifier, donner position exacte, vitesse et azimut nécessaires pour lancer une torpille.

L’utilisation du terme « génial » par Goggins n’est probablement pas un accident : le projet a été développé sous l’acronyme (AWESUM) (**) . L’objectif est de fournir au sous-marin un moyen de repérer non seulement les navires pour les attaques de torpilles, mais aussi les cibles terrestres pour les attaques de missiles de croisière.

OE 538 : mât radio périscopique

Le drone utilisé pour le développement initial d’AWESUM était le BlackWing développé par AeroVironment AVAV, un dérivé de leur munition SwitchBlade qui pèse environ 2 kg et a une envergure de 68 cm. La vitesse et l’endurance ne sont pas indiquées, mais s’il est semblable à la SwitchBlade, il peut voler pendant une demi-heure à 95 km/h. Auparavant, AeroVironment avait travaillé sur une version de BlackWIng avec une charge explosive qui aurait permis aux sous-marins d’effectuer des frappes secrètes sur des cibles de grande valeur dans les zones côtières ; cette version ne semble pas avoir été mise en production.

M. Goggins a déclaré que le drone avait été essayé par l’USS Annapolis, lors de l’attaque simulée de l’USS Charleston à un distance proche de  » la portée effective maximale de cette torpille ».

Après des essais réussis, les nouveaux drones ont été déployés en septembre et sont maintenant embarqués.

« J’ai cinq ensembles SLUAS dans la flotte aujourd’hui et nous continuerons à fournir cette capacité », a déclaré M. Goggins. « Nous travaillons vraiment sur l’évolution de cette capacité à l’avenir. » 

La Marine a manifestement foi en une évolution future. Le 30 octobre, elle a lancé une demande d’étude pour un drone lancé par sous-marin. Cette demande précise que le drone, qui doit tenir dans un tube de lancement de trois pouces, doit avoir une autonomie de vol d’au moins une heure, « fonctionner à des distances allant jusqu’à portée radio directe » et disposer de communications cryptées avancées. Le drone doit pouvoir voler de manière autonome afin que le sous-marin n’ait pas à émettre des signaux de contrôle qui pourraient révéler sa position.

Cet équipement est susceptible d’avoir une certaine concurrence : L’Outrider de Lockheed Martin, qui a fait ses débuts en 2017, peut être lancé d’un sous-marin, a une autonomie de vol de plus de deux heures pour une vitesse de croisière de 65 km/h.

Il se peut aussi que les drones lancés par sous-marin soient beaucoup plus performants. En 2016, le contre-amiral Charles Richard, responsable pour la marine de la lutte sous-marine, évoquait -à USNI News- des projets d’ « engins lancés par des tubes lance-torpilles de 533 mm avec une durée de déploiement beaucoup plus longue« .

Avec ce type de moyens aériens, des torpilles de portée bien plus grande pourraient être lancées. Le sous-marin lanceur peut ainsi être très éloigné de sa cible, hors de portée sonre. Cela va rendre les choses beaucoup plus difficiles pour parer une attaque de sous-marin.

(*) – Cette association, née en 1982 et qui rassemble d’anciens  marins de haut rang, s’est donnée pour mission de mettre en lumière l’importance du sous-marin dans la défense nationale. [NDLR]
(**) – Advanced Weapons Enhanced by Submarine UAS against Mobile targets’ : [ arme anti-navire perfectionnée par l’emploi de drone aérien lancé par sous-marin] .

source : Forbes Traduit avec DeepL